Le déroulement d’une coupe du monde peut avoir des effets indirects sur une économie. Exemple et analyse de l’économie de l’Angleterre.
Une récente analyse des économistes Bastien Drut et Richard Duhautois avait mis en avant l’impact du football sur l’instabilité boursière. Dans leur livre 20 questions improbables sur le foot, ils estimaient que la passion du ballon rond pouvait altérer la rationalité des agents et perturber l’équilibre des cours. En jouant directement sur leur temps de présence et de réflexion, lorsque des matchs sont joués, et sur leur moral, en cas de victoire ou de défaite, la parfaite circulation de l’information, propre à la sphère financière, pouvait être détériorée.
Drut et Duhautois précisent, par exemple, que « la bourse d’un pays baisse de façon significative lors d’une défaite de la sélection nationale. Et cette baisse est d’autant plus importante lorsqu’il s’agit de matchs à enjeux comme lors de la coupe du monde, à élimination directe ». Ainsi, le foot a une résonance réelle et directe sur la bourse, mais pas seulement.
En effet, une étude du centre de recherche Britannique ELAS a déterminé le coût indirect de la coupe du Monde chez les travailleurs Anglais, et donc le coût sur l’économie globale. En considérant que le mondial de football sera l’occasion, pour chaque supporter employé, de regarder le plus de matchs possibles, on devrait constater une augmentation de l’absentéisme et des arrêts maladies, qu’ils soient ou non certifiés. ELAS a sondé un panel de 1 500 employés représentatifs et a constaté que près de 13% d’entre-eux se mettraient volontairement en arrêt maladie pour pouvoir profiter du mondial.
Dans le même temps, parmi ceux qui restent, plus de la moitié estiment qu’ils suivront la compétition sur leur lieu de travail avec, en moyenne, un temps de 20 minutes quotidien consacré à l’observation des résultats. Temps utilisé sur les heures de présence. L’ensemble constitue donc des heures rémunérées non-travaillées.
Si l’on considère que le panel étudié représente la société Anglaise dans son ensemble et qu’on fait le compte, avec un salaire horaire moyen de 14.7€ (13£), la perte sèche atteindrait près de 3.71 milliards d’euros, soit 3 milliards de £ sur toute la durée de la compétition. A cela s’ajoute les 13% de malades imaginaires, ceux qui comptabiliseraient une journée total non-travaillée, on devrait atteindre 4.95 milliards d’euros, 4 milliards de £.
La coupe du Monde 2014 coûterait à l’économie Anglaise, en terme de chute de productivité et de baisse du facteur travail, 4 milliards de £. Néanmoins, l’étude précise que le mondial pourrait être une occasion, pour les patrons, d’être plus flexibles, « plus coulants » et d’autoriser des événements socialisants au sein des entreprises. Plutôt que de s’absenter volontairement ou d’observer les résultats discrètement, les employés regarderaient les matchs tous ensemble et ces moments favoriseraient la cohésion et la fraternisation, facteurs d’amélioration intrinsèque de la productivité, de la qualité de vie et de l’ambiance générale.
Finalement, c’est à travers le choix de management que l’Angleterre peut s’éviter un coût de 4 milliards de £ pendant la coupe du Monde.