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L'Italie, pas encore qualifiée, subit-elle les conditions climatiques extrêmes du Brésil ?

L’impact de la chaleur sur les performances sportives

La coupe du Monde a commencé depuis maintenant plus d’une semaine et une tendance se dégage : les piètres performances des équipes Européennes. L’Espagne et l’Angleterre éliminées, l’Italie et le Portugal en ballottages défavorables, l’Allemagne inquiétée, les sélections du Vieux-Continents n’arrivent pas à confirmer leur suprématie internationale. Pour de nombreux observateurs, cela s’explique par les fortes chaleurs et le taux d’humidité élevé au Brésil, les matchs joués en début d’après-midi présentent des conditions éreintantes et difficiles, avec parfois plus de 30° degrés et 70% d’humidité. Mais pour des professionnels chevronnés, existe-t-il réellement un impact de la météo sur les performances sportives ?

Pour le milieu de terrain Italien, Thiago Motta, la défaite de la Squadra Azzura face au Costa-Rica 1 but à zéro, peut être expliquée par les conditions climatiques. La chaleur extrême, quasiment 35° degrés, et un taux d’humidité très lourd, lors de cette rencontre, avait peut être provoqué une diminution des performances. A cela s’ajoute la meilleure acclimatation des joueurs du Costa-Rica, originaires d’Amérique Centrale et plus adaptés à des températures si importantes.

Contre l’Angleterre nous avons joué à Manaus, mais ce fut contre une équipe européenne. Aujourd’hui, ce fut la seule différence, parce que le Costa Rica a l’habitude. Ce n’est pas une excuse, c’est la vérité, comme tout le monde a pu le voir. Les faits sont là, certains joueurs sont plus acclimatés à la chaleur que d’autres.

Jouer en début d’après-midi au Brésil, soit à 18h heure française, lorsque le soleil est au zénith, contraindrait donc les performances des équipes européennes, peu habituées à ces conditions tropicales. Certains joueurs Belges avaient par exemple, lors du match face à l’Algérie, critiqués la programmation de la FIFA : un match à 13h, heure locale, contre des adversaires habitués à des fortes températures, constituait une forme d’iniquité entre les deux sélections. Finalement les diables rouges l’emportèrent difficilement 2 buts à 1 mais seulement dans les dernières minutes de la rencontre.

Lorsque l’on regarde l’ensemble des 29 matchs de la coupe du Monde déjà joués, sans prendre en compte le niveau et l’origine continentale des équipes, toutes choses égales par ailleurs, on constate le faible ratio but par match lorsqu’ils sont joués en début d’après-midi, contrairement aux matchs joués en fin d’après-midi ou en début de soirée.

Nombre de buts inscrit en fonction de l'heure jouée

Nombre de buts inscrit en fonction de l’heure jouée

Il y, en moyenne, 2.6 buts par match lorsque les rencontres se déroulent en début d’après-midi, 3.3 buts par match pour ceux qui se déroulent en fin d’après-midi puis 2.7 buts par match en début de soirée. La tendance est donc à l’augmentation et à l’amélioration du secteur offensif plus les conditions de jeu évoluent. Les fortes chaleurs contraindraient les performances des joueurs et ne leur permettraient pas de jouer à leur meilleur niveau.

D’après une étude de Nour El Helou, épidémiologiste du sport, de l’Université Paris 5 Descartes, le paramètre environnemental est le premier facteur explicatif des performances. A partir de l’analyse des résultats des 6 grands marathons internationaux, Paris, Londres, Berlin, New-York, Chicago et Boston, entre 2001 et 2010, soit 1 791 972 données sur 60 courses, et en les corrélant avec les conditions climatiques – la températures, le taux d’humidité, le taux de pollution et la pression barométrique – le scientifique a constaté les fortes disparités des performances.

En effet, le record du marathon a été réalisé le 15 avril 2012, à Paris, par Stanley Biwott, avec un temps de 2h05 et 10 secondes, lorsque la température atteignait les 10° degrés. Huit jours plus tard, le marathon se courait à Boston, sous 30° degrés et le meilleur temps augmenta de plus de 10 minutes par rapport à Paris. Pour Nour El Helou, « la température joue un rôle fondamental sur l’expression de nos capacités et sur notre résilience face aux grands à-coups environnementaux. […] Avec la chaleur, la performance est compromise, mais la santé est également affectée avec un accroissement du nombre d’interventions médicales ».

Il affiche d’ailleurs le lien entre climat et résultat. D’après lui, la variable climatique est un facteur important qui doit être pris en compte pour améliorer l’équité de jeu et la santé des professionnels.

performances

Impact de la chaleur sur les performances en course à pied. Plus l’indice WBGT est élevé, plus les conditions climatiques sont difficiles. D’après El Helou

Les températures élevées au Brésil empiètent donc sur les performances et altèrent le niveau, moins de buts sont marqués et la qualité du jeu se détériore. De plus, une certaine forme d’iniquité peut s’installer entre les équipes Européennes peu ou pas habituées aux fortes chaleurs et celles d’Amérique du Sud et Centrale. D’ailleurs, nous avions vu, dans un article précédant, que dans l’histoire de la coupe du Monde, jamais une équipe Européenne n’avait remporté le trophée lorsque la compétition se déroulait sur le continent Américain, une question de climat ?

En 2022, la coupe du Monde devrait avoir lieu au Qatar, petit pays du Moyen-Orient qui présente des températures dépassant souvent les 40° degrés l’été. Il faut donc absolument, pour la qualité du jeu et la santé des joueurs, décaler la compétition l’hiver ou annuler tout simplement l’organisation Qatarie.

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2 plusieurs commentaires

  1. Excellent article! Je me suis posé exactement cette question lorsque j’ai vu jouer l’Italie face au Costa Rica ou l’Espagne face au Chili (même si là, les conditions climatiques ne semblent pas être la cause principale du naufrage). Il est évident que les équipes sud américaines ont un avantage climatique!

    Si la Coupe du Monde 2022 se joue au Quatar, je n’imagine même pas les condititions de vie des joueurs sur place…

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