La coupe du Monde a commencé depuis 2 semaines et des tendances se dégagent déjà. Des équipes, comme le Brésil ou les Pays-Bas, sont qualifiés pour les huitièmes de finale et d’autres vont les suivre. Tout semble se passer pour le mieux, les matchs s »enchaînent, les gagnants brillent, les perdants quittent le Brésil, fiers d’avoir participé à une grande compétition. Cependant, un élément peut venir perturber cette stabilité quotidienne : jeudi 26 juin va avoir lieu la rencontre Allemagne – Etats-Unis dans le groupe G. Et certains observateurs dénoncent la probable physionomie du futur match.
Les Allemands et les Américains ont 4 points, les Portugais et les Ghanéens 1 point. Allemands et Américains se rencontrent à 18h heure française, en même temps que les Portugais et les Ghanéens. Or, si l’Allemagne et les Etats-Unis font match nul, quel que soit le résultat Portugal-Ghana, les deux premières nations sont qualifiées pour les huitièmes de finale. La Selecção das Quinas et les Blacks Stars espèrent chacun une victoire pour prolonger l’aventure, en souhaitant qu’en face, Allemagne – Etats-Unis accouche d’un vainqueur.
Mathématiquement, en effet, le nul entre les deux grandes Nations de l’ancien bloc Ouest, garantirait leur qualification en laissant sur le côté Portugal et Ghana. Et c’est ici que le bât blesse. On pourrait très bien imaginer une entente entre deux équipes historiquement proches, s’accordant sur un match de gala, débouchant sur un somptueux match nul qui satisferait tout le monde. Mais qui contraindrait toutes les chances du Ghana et du Portugal.
En économie, on considère que la coopération entre deux agents est la meilleure chose possible. A partir de la théorie des jeux et l’application connue du « dilemme du prisonnier », lorsque deux agents s’entendent, on aboutit à une optimisation de l’utilité collective, « au meilleur des mondes possibles ». Or, ici, on distingue une externalité négative, une conséquence malheureuse sur autrui : l’entente entre Allemands et Américains provoque l’élimination unilatérale du Portugal et du Ghana.
De cette manière, on peut observer des faisceaux de présomptions qui laissent songeur. Tout d’abord, la logique, en coupe du Monde, voudrait de minimiser l’effort physique pour maximiser les performances sportives des joueurs, une accord tacite entre deux sélections permettrait de réduire cette effort consentit lors du match. Ensuite le nul qualifierait les deux équipes, sans hasard et suspense, au dépens du Ghana et du Portugal. Certes, il n’y aurait aucun esprit sportif, aucune équité, mais rationnellement, cela est abordable.
Jürgen Klinsmann et Joachim Löw, anciens collègues aujourd’hui adversaires.
Puis, l’Allemagne et les Etats-Unis ont un passé commun qui pourrait tout à fait autoriser un accord : Jürgen Klismann, actuel sélectionneur de la Team USA est l’ancien sélectionneur de l’Allemagne, remplacé par son adjoint, Joachim Löw. Cinq joueurs Américains sont nés en Allemagne, sur les bases militaires Américaines basés en Europe.
Une dernière chose, l’Allemagne a un passif désavantageux, elle est à l’origine du « match de la honte » : en 1982, la sélection de la RFA s’est entendue avec l’Autriche, lors du dernier match de poule, pour 1 à zéro afin que, mathématiquement, ces deux équipes soient qualifiées et, du coup, la courageuse sélection Algérienne soit éliminée du Mondial Espagnol.
Après une ouverture du score rapide des Allemands, les 22 joueurs ont joué un « non-match », enchaînant les passes et affichant une volonté de ne pas jouer. Depuis, ce match est resté dans l’inconscient collectif Allemand, il a été l’élément déclencheur de la FIFA pour imposer les derniers matchs de poule en même temps. Néanmoins, cette modification de la règle n’a pas empêché les possibilités de nouvelles triches.
Jeudi, nous verrons bien si Allemands et Américains se sont entendus et ont truqué le match ou vont vraiment se battre pour sortir un vainqueur, tant pour l’esprit sportif, l’équité, le suspense et le plaisir des spectateurs.