Personne n’en avait parlé. Probablement parce que l’attention était portée sur la qualité de l’arbitrage français et non sur la nationalité des arbitres. Après l’embrasement des différents médias sur le sujet de l’arbitrage français au Brésil et notre article d’hier midi, il s’avère qu’il aura bien un français au Mondial-2014. Explications.
C’est le Tahitien Norbert Hauata, représentant de la zone Océanie (zone de qualification indépendante de celle de la France, rattachée elle à l’Europe) qui sera l’arbitre français présent au Mondial brésilien. Dans la liste officielle des arbitres désignées pour officier en juin prochain, la FIFA ne présente d’ailleurs pas M. Hauata comme un arbitre de France. C’est le drapeau de la Polynésie française qui figure à côté du nom de l’heureux élu.
Norbert Hauata (34 ans), dépend en effet de la Fédération Tahitienne de football (FTF), qui est reconnue par la FIFA. Il a été sélectionné parmi cinq arbitres d’Océanie, dont fait partie la Polynésie française, à laquelle appartient Tahiti. Il ne fait toutefois pas partie du trio titulaire (deux Néo-Zélandais et un Fidjien), mais d’un duo de soutien (qu’il forme avec un autre Néo-Zélandais). Il a donc été sélectionné en tant que remplaçant. Ainsi, bien que Tahiti soit un territoire français, sa sélection avait disputé en tant qu’équipe nationale la Coupe des confédérations en juin 2013 au Brésil.
Hauata a déjà arbitré plusieurs compétitions internationales dans le Pacifique, mais aussi la Coupe du monde des moins de 17 ans en 2011. Il est ouvrier dans le bâtiment, habite et travaille sur l’île de Moorea, à une demi-heure de bateau de Tahiti. Il explique sa sélection par sa « persévérance », notamment dans son entraînement physique, « au moins deux heures par jour ». Il déclare avoir été surpris de voir qu’il était le seul arbitre français, tout en étant déçu pour Stéphane Lannoy. Pour lui, cette désignation est un véritable rêve.
Il convient donc de ne pas s’emmêler les pinceaux : il y aura bien un arbitre français au Mondial-2014, mais il n’y aura pas d’arbitre de la Fédération Française de Football. Ce qui n’occulte donc aucun débat sur la qualité de l’arbitrage hexagonal et les réformes opérées récemment, avec notamment le remplacement de Marc Batta en poste depuis 2004 par Pascal Garibian. Ce dernier n’est toutefois pas en cause dans l’échec du Mondial brésilien, puisqu’il a été nommé cet été, entamant juste sa réforme.
Maintenant, Pascal Garibian doit poursuivre sa réforme en profondeur :
- Comme nous le disions hier, il doit préparer l’arbitrage français à l’Euro 2016 et au Mondial 2018 en Russie. Les enjeux sont conséquents : ce n’est pas parce que l’Euro 2016 se déroulera en France qu’il y aura de facto un arbitre de France. Souvenons-nous qu’en 2008, aucun arbitre de champ n’était français. Michel Platini, président de l’UEFA ayant notamment déclaré que l’UEFA avait « pris les meilleurs »…
- Poursuivre le travail réalisé pour l’arbitrage de football féminin, dont peu de médias se font l’écho alors qu’il est au carrefour d’un renouveau prometteur. Les arbitres féminines étaient d’ailleurs rassemblées il y a quelques jours à Clairefontaine pour leur stage de mi-saison (des internationales aux jeunes candidates FFF).